Sophie Trébuchet, Madame Léopold Hugo (1772-1821).
Mère de Victor Hugo.
Originaire de Nantes, elle perdit sa mère en 1780 et son père en 1783. Elle fut élevée par son grand-père et une tante, qui viendront habiter Châteaubriant en 1794, c’est là qu’elle rencontre en 1796 Léopold Hugo.
Venue à Paris, elle l’épouse le 15 novembre 1797 ; mariage purement civil. Trois fils naîtront, Abel en 1798, Eugène en 1800 et Victor en 1802.
La mésentente s’installera vite dans le ménage. La liaison de Sophie Hugo et du général Lahorie semble dater de 1802 ; le général Hugo n’en aura la révélation qu’en 1811. D’autre part, la liaison du général Hugo avec Catherine Thomas date de 1803, et ne sera pas longtemps ignorée de sa femme. Les reproches, les disputes, enfin le procès, empoisonneront le ménage jusqu’aux séparations judiciaires de 1815, puis de 1818. Outre les causes susdites, la mésentente provient du caractère violent de Léopold, comme du caractère entier de Sophie.
On a longtemps discuté de ses opinions politiques et religieuses ; il semble aujourd’hui qu’elle fut beaucoup plus républicaine que royaliste dans sa jeunesse, et en tout cas, absolument voltairienne de pensée. Elle n’a jamais évolué vers le catholicisme, mais politiquement, est passée, comme tout le reste de sa famille, du républicanisme au royalisme. C’est ce qui permet à Hugo, avec quelques abus, de parler de sa « mère vendéenne ». Elle eut sur ses fils, surtout sur Eugène et Victor, une autorité absolue à partir de 1817 ; impérieuse, volontaire, tenace dans ses vues, elle leur imposa une stricte discipline morale et matérielle. Cette autorité n’a en rien nui à l’affection profonde que lui portaient ses fils. Victor, en particulier, ne cessera de la louer et d’exprimer son amour, puis son souvenir ému et reconnaissant. Nul doute qu’elle n’ait cru aux dons prodigieux de son fils cadet et qu’elle ne l’ait encouragé dans la voie de la littérature.