Née le 27 septembre 1803, elle connut celui qui devait devenir son mari en 1809 aux Feuillantines, où elle participait avec son frère aux jeux des trois fils Hugo. Victor avait alors sept ans. Leur camaraderie se poursuit en 1812, lors du retour de Madame Hugo aux Feuillantines, après leur séjour en Espagne, avec Eugène et Victor, puis Abel. Le père d'Adèle, Pierre Foucher était un ami de Joseph Léopold Hugo. Les relations enfantines entre Victor et Adèle s'espacent de 1813 à 1817, Victor étant la plupart du temps pensionnaire.
Le 26 avril 1819, Victor et Adèle s'avouent leur amour, Victor a déjà obtenu une manière de célébrité, mais Adèle est restée, comme elle le restera presque toujours, très en dehors de cette activité littéraire. Victor commence en janvier 1820 une longue correspondance avec celle qu'il considère comme sa fiancée (correspondance publiée sous le titre : Lettres à la Fiancée) ; celle-ci lui écrira, pendant le même temps, des billets relativement peu nombreux, à l'insu de sa mère le plus souvent. Leur correspondance fut interrompue d'avril 1820 à mars 1821 : les amoureux etant séparés par la volonté de la famille Foucher, comme par celle de Madame Hugo. mais à cette dernière date, ils peuvent recommencer à s'écrire, et à se voir en cachette.
Victor se plaint constamment, dans ses lettres, de la froideur d'Adèle, de sa passivité, qui contraste avec les élans, respectueux d'ailleurs, de sa passion à lui. Adèle, cependant, veut courageusement un avenir commun, malgré l'hostilité évidente de Madame Hugo et la brouille qui s'est instaurée entre les Foucher et celle-ci, après une durable intimité. Mais Madame Hugo meurt le 27 juin 1821. Adèle et Victor se fiancent alors solennellement, mais subrepticement. Graduellement, Victor parvient, à force de patience, de courage, de volonté, de dignité et de succès littéraires, à vaincre l'hostilité des Foucher. Le mariage religieux à lieu le 22 octobre 1822 en l'eglise de Saint Sulpice à Paris.
Devenue Madame Victor Hugo, Adèle, un peu effrayée par la gloire naissante de son mari, ne cherchera pas à s'associer à son intense activité intellectuelle. Cinq enfants leur naîtront, de 1823 à 1830. Dans les recueils lyriques publiés par Hugo entre 1822 et 1835, de nombreux poèmes lui seront consacrés. Elle sera une excellente mère, et, au moins, aidera son mari à recevoir ses nombreux amis, gens de lettres, artistes, parfois bohèmes bizarres. Mais l'activité intense du poète et du romancier lui semble tenir trop de place dans sa vie ; petite bourgeoise, élevée dans une famille dépourvue de toute ambition sociale ou intellectuelle, douée seulement pour le dessin (elle a pris des leçons avec Mademoiselle Julie Duvidal de Montferrier, qui devait devenir la femme de son beau-frère Abel), elle est déconcertée par la vie trépidante de Victor, que son activité appelle constamment au-dehors.
Cela explique qu'elle ait accueilli favorablement les hommages de Sainte-Beuve, qui par admiration éperdue pour le poète, était devenu un intime de la famille. Laid, cauteleux, psychologue habile, il su conquérir le coeur, puis les sens, de la femme isolée. Une intrigue s'ensuivit, lettres secrètes, rencontres mystérieuses, rendez-vous clandestins, et, de sa part à lui, poèmes sensibles et mélancoliques. Quelle a été la nature exacte de leurs relations ? On ne saurait le dire précisémment, car tous deux sont restés d'une exemplaire discrétion. Mais il est sûr qu'après la naissance d'Adèle, tous rapports physiques ont cessé entre Madame Hugo et son mari. Après quelques années où Sainte Beuve connut toutes les souffrances d'un amour semé d'obstacles, et d'un caractère incapable de s'engager à fond dans une aventure, celui-ci, peu à peu déçu par celle qu'il avait tant aimée, et incapable de lutter contre le prestige du mari, qu'il finit par détester, en arrive à renoncer ; il a découvert en Madame Hugo "une stupide crédulité qui lui a donné la mesure d'une intelligence que l'amour n'éclaire plus" (lettre à Guttinguer en 1837).
Adèle n'ignorera pas les aventures sentimentales de son mari. Elle sera indulgente et compréhensive, soucieuse surtout de ne pas le voir s'engager dans des dépenses exagérées qui l'empêcheraient de tenir son rang. Quand elle apprendra la liaison de Victor avec Léonie Biard, elle donnera toute sa sympathie à celle-ci, qui aura su momentanément détacher Hugo de sa maîtresse en titre, Juliette Drouet. Mais en 1867, elle recevra celle-ci chez elle à Hauteville House. Pendant l'exil, elle fera de fréquents séjours à Bruxelles, à Jersey, à Guernesey, mais aussi à Paris, où elle aura parfois à veiller sur les intérêts littéraires et financiers de son mari. Le sort de sa fille Adèle la préoccupera beaucoup, après qu'en 1843 elle eut reçu le coup terrible de la mort de Léopoldine. Elle mourra à Bruxelles le 27 août 1868, et sera enterrée à Villequier, auprès de Léopoldine.